Nicolas Bürer a été nommé «Swiss Business Angel of the Year» en 2018 et a été inclus à plusieurs reprises dans le «Who is Who of the Swiss Economy». Après avoir co-fondé MOVU, la plus grande plate-forme de déménagement de Suisse et avoir effectué un mandat réussi en tant que directeur général chez digitalswitzerland, Nicolas s’est lancé dans la concrétisation passionnante d’un nouveau projet.
Lors de notre entretien, nous avons eu la chance d’en apprendre davantage sur ce dernier projet et sur ce qui est nécessaire pour faire le lien entre une vision pleine d’envergure et une action bien réelle.
Bonjour Nicolas! Sur LinkedIn, nous avons vu que vous meniez un projet qui «sera bientôt divulgué». Pouvez-vous maintenant nous en dire un peu plus?
Oui, tout à fait. Au cours des cinq dernières années, j’ai occupé le poste de directeur général chez digitalswitzerland. En cette qualité, j’ai eu à mener le pays vers sa numérisation à l’échelle nationale dans les domaines de la politique, de la société, de l’économie et du service aux particuliers.
Me voici maintenant à assumer un nouveau rôle, dans l’industrie manufacturière, qui se trouve être le plus grand secteur économique mondial avec ses 18% du PIB mondial.
L’impact que peut avoir une startup constitue sa vraie beauté. Une startup a le pouvoir de façonner l’avenir, de créer une équipe d’exception et de créer des emplois.
Nicolas Bürer
Je me consacre pleinement à un projet qui vise à améliorer la numérisation, la modernisation et la durabilité dans le secteur manufacturier. Nous travaillons à rendre l’industrie plus efficace, productive et durable, en réduisant les déchets qu’elle produit et les défauts qu’elle porte en elle.
Ce projet est en cours depuis quelques mois maintenant. C’est un projet international vraiment exaltant. Pour aider le secteur manufacturier, nous recourons à des données numériques en temps réel et à une gestion allégée (lean operations).
C’est une entreprise ambitieuse! Comment décririez-vous la perspective globale du projet?
L’industrie manufacturière est responsable de plus de la moitié de la consommation mondiale d’électricité et de plus de 20% des émissions de CO2. Et il en résulte encore une quantité énorme de déchets.
Notre objectif final – si vous pensez à la façon dont l’objectif d’Elon Musk est d’aller sur Mars avec l’une de ses entreprises – est d’éliminer les déchets, de diminuer les émissions de CO2 et de réduire massivement la consommation d’électricité dans le secteur industriel.
Nous voulons aider et soutenir les 10 millions d’usines dans le monde, qui emploient environ 400 millions de travailleurs. Cela représente environ 5% de la population mondiale! Nous voulons leur fournir des solutions numériques intuitives et modernes. En fait, si nous pouvons même n’aider que 1 million d’usines, ce serait déjà un énorme succès. Nous serions très contents.
Vous avez une longue histoire dans le domaine des startups. Qu’est-ce qui vous motive dans le fait de jouer un rôle actif dans le conseil et la formation des startups?
L’impact que peut avoir une startup constitue sa vraie beauté. Une startup a le pouvoir de façonner l’avenir, de créer une équipe d’exception et de créer des emplois. Lorsque j’investis dans des secteurs comme celui de l’alimentation ou des technologies industrielles, il s’agit pour moi de faire bouger les choses.
Les résultats financiers sont importants, certes, mais dans le monde des startups, la valeur combinée résultant de l’impact de la startup et de son succès financier doit aussi être reconnue. Il convient de se rappeler que les startups sont comme des montagnes russes et que mentent ceux qui prétendent que leur route ne nécessite pas d’effort et qu’elles sont assurées d’une croissance facile. Chaque startup – sans exception – fait face à des hauts et de bas. Toute personne envisageant d’investir dans une startup doit être prête à ces éventualités.
Quels sont les défis que vous rencontrez dans le processus de création de votre nouvelle startup?
Notre défi actuel consiste à réunir tous les bons éléments.
Dans tout projet, partout dans le monde, il est nécessaire d’avoir un bon produit, une équipe parfaite, des ressources financières et de trouver l’endroit idéal du point de vue de la clientèle. Ce sont là toutes des pièces du puzzle et personne n’a toutes les réponses au début. Il faut du temps pour le comprendre. Vous pouvez disposer d’une ou deux pièces, mais pas de toutes.
On peut dire que c’est une situation difficile. Pourtant, je suis convaincu que nous allons nous adapter et faire de ce défi une occasion de grand succès. En fin de compte, les défis constituent des circonstances opportunes qui nous font avancer, quand bien même ils nous paraissent effrayants dans l’instant.
Y a-t-il des qualités qui distinguent les projets aboutis de ceux qui ne le sont pas?
Il y a trois qualités que je voudrais souligner.
Tout d’abord, il est important d’avoir des compétences complémentaires au sein de l’équipe. L’équipe ne sera pas efficace si tout le monde a la même expertise, par exemple si elle est composée de trois personnes ayant seulement une expertise en marketing ou de trois spécialistes en technologie. Par conséquent, il est important de combiner des compétences en matière de vente, de marketing, de produits et de technologie pour créer une équipe bien équilibrée.
Avec le numérique, il est toujours question de l’humain. Une transformation numérique réussie permet aux structures de fonctionner en temps réel.
Nicolas Bürer
Deuxièmement, il faut avoir de bonnes compétences relationnelles. Il faut être assuré, déterminé et très réactif. L’agilité et la vivacité d’esprit sont précieuses, mais il ne faut pas pour autant prendre des décisions hâtives. Être ouvert au changement et accepter les risques peut également faire une grande différence. Sans un ensemble de compétences relationnelles, cela ne fonctionnera pas.
Enfin, il faut de solides compétences en matière de collecte de fonds et de vente. Les équipes doivent être proactives et persuasives dans leurs interactions avec les investisseurs et les clients. J’ai vu trop d’équipes qui excellent dans les aspects techniques, le développement de produits ou le marketing, mais qui ne sont pas bonnes vendeuses. Or il est essentiel d’avoir de grandes compétences dans le domaine de la vente, que ce soit pour sécuriser des investissements ou pour constituer une base de clients.
Comment le paysage financier actuel affecte-t-il l’avenir des startups en Suisse?
Comme dans tout autre pays, la récession nous affecte. Il y a moins de financement disponible, moins de chances de croissance et moins de sorties possibles. Le niveau de résistance dépend également du type d’industries concernées. Certains secteurs, comme ceux de la biotechnologie et la technologie innovante ou comme ceux de la blockchain et des drones, semblent faire preuve d’une plus grande résilience.
Il n’en demeure pas moins que nous sommes touchés. Chaque startup doit être prête à muer si nécessaire et à transformer son état d’esprit et sa façon de travailler. Il devient crucial d’optimiser les taux de combustion, de viser une croissance plus rapide et d’atteindre le seuil de rentabilité plus tôt.
Quels conseils donneriez-vous aux structures qui tentent de se transformer sur le plan numérique?
Avec le numérique, il est toujours question de l’humain. Une transformation numérique réussie permet aux structures de fonctionner en temps réel. Voilà ce que c’est vraiment: un flux de données en temps réel. Il aide les structures à survivre, à être plus productives, à augmenter potentiellement leurs marges bénéficiaires et, espérons-le, à devenir plus durables.
En me fiant à ce que j’ai vu au cours des 15 dernières années, je peux dire qu’il s’agit toujours de garder les humains au cœur du système. Nous devons également convaincre les collaborateurs, les clients et les actionnaires.
Mon expérience me permet d’affirmer que si l’on rencontre une résistance en cours de route, le projet numérique échouera. Vous devez donc vous demander: êtes-vous prêt à avoir de vraies informations de données? Êtes-vous capable de vous remettre en question? Êtes-vous en mesure d’impliquer vraiment tout le monde dans la structure, à savoir, chaque partie prenante? Si la réponse est oui, faites-le. Si ce n’est pas le cas, laissez tomber.
Qu’est-ce que les gens devraient comprendre à propos de l’argent et de l’investissement, qui pourrait les aider à orienter leurs fonds vers des objectifs comme le vôtre, qui peuvent potentiellement changer le monde?
Vous savez, selon le modèle commercial concerné, le fait d’avoir des investisseurs peut être bénéfique ou non. Les investisseurs peuvent être profitables ou non, selon les circonstances.
Dans notre cas, avec un modèle commercial de logiciel constituant un service en libre-service, il faut du temps pour gagner du terrain, mais ce modèle devient finalement très rentable et récurrent. Ainsi, nous avons besoin du soutien financier des investisseurs et l’apprécions à sa juste valeur.
Il est important de reconnaître que l’impact que nous produisons doit passer en premier et que les rendements financiers doivent être alignés sur cet impact.
Les fondateurs et la direction doivent donner la priorité à l’impact par rapport aux gains financiers immédiats. Un autre point clé réside dans le fait que les projets prennent toujours plus de temps que prévu pour leur réalisation. Malgré notre monde en évolution rapide, il est irréaliste de s’attendre à des sorties rapides avant trois à cinq ans. Il faut de la patience.
Que signifie pour vous la richesse?
Alors que l’argent permet d’accéder à diverses opportunités, dans la vie, la joie pure va au-delà du succès financier. Elle suppose une bonne santé, du plaisir, une famille et des liens sociaux. Ces aspects sont vitaux. Le fait de donner la priorité au succès et à l’argent seuls peut entraîner du stress et des tensions. L’argent est important, mais ce n’est pas tout.
Merci, Nicolas!
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