Entretien avec Géraldine Fasnacht: Pourquoi le changement est-il important?

Nous avons l’honneur, dans cet entretien exclusif, d’accueillir Géraldine Fasnacht, notre Chief Inspiration Officer. Cette femme exceptionnelle a dominé le monde des sports extrêmes, faisant preuve d’un courage, d’une détermination et d’une résilience hors du commun.

Que ce soit en plongeant dans le vide en wingsuit ou en dévalant les pistes en snowboard freeride, Géraldine a appris à apprivoiser le changement. Pour elle, le changement n’est pas un obstacle épisodique, mais un compagnon permanent dans sa vie professionnelle. Intégrant la gestion des risques au quotidien, ses réflexions sur la manière de naviguer à travers le changement et de s’aventurer au-delà des zones de confort sont d’une importance capitale.

Bonjour Géraldine! Merci d’être parmi nous aujourd’hui. Abordons directement notre première question: Votre carrière dans les sports extrêmes vous a constamment poussée à vous adapter et à évoluer. Comment cela a-t-il influencé votre vision de la vie?

Depuis mon enfance, j’ai toujours eu cette soif d’apprendre, de vivre de nouvelles expériences et de repousser mes limites. J’ai choisi de poursuivre cette croissance et cet apprentissage même à l’âge adulte.

Comme le dit un de mes amis: « Si vos rêves ne vous effraient pas, c’est qu’ils ne sont pas assez grands ».

Géraldine Fasnacht

Pour moi, l’évolution ne s’arrête jamais, même une fois adulte. Je ressens le besoin de continuer à me développer, car sans l’apprentissage ou la découverte de nouveautés, j’ai l’impression de stagner. J’ai véritablement besoin d’apprendre et de découvrir sans cesse.

Pourriez-vous nous donner un exemple où sortir de votre zone de confort et embrasser le risque a mené à un résultat enrichissant?

En fait, j’ai tellement d’exemples en tête qu’il est difficile d’en choisir un spécifique.

Beaucoup de mes rêves me faisaient peur, mais cette peur m’a poussée à me préparer du mieux possible pour les atteindre. Par exemple, lorsque j’ai réalisé le premier vol en wingsuit depuis le sommet du Cervin.

Il a fallu une préparation intense et une grande patience, car les wingsuits de l’époque n’étaient pas assez performants. Mais j’avais déjà imaginé ce vol en 2009, lorsque j’avais escaladé et descendu en snowboard la face est du Cervin.

Ce jour-là, en attachant mon snowboard, j’ai remarqué que la pointe du Cervin était non seulement verticale, mais aussi surplombante au sommet. Je me disais qu’un jour, peut-être, il serait possible de s’élancer du sommet, une fois les wingsuits suffisamment évoluées. Mais à ce moment-là, c’était encore impensable, les wingsuits n’offrant pas une glisse adéquate. Je pensais que ce rêve serait peut-être réservé à la génération future.

Mais trois ans plus tard, j’ai conquis le sommet des Drus, un sommet très symbolique de Chamonix, près du Mont Blanc. C’est là que j’ai réalisé que les wingsuits avaient tellement évolué que je pourrais peut-être, un jour, ouvrir le sommet du Cervin.

Comme le dit un de mes amis: « Si vos rêves ne vous effraient pas, c’est qu’ils ne sont pas assez grands ». Alors, le 7 juin 2014, j’ai ouvert le sommet du Cervin avec mon très cher ami Julien Meyer.

Pour moi, le risque survient lorsqu’on ne maîtrise pas la situation.

Géraldine Fasnacht

Arrivée au sommet, j’étais tellement préparée que s’envoler fut un pur plaisir. Je n’avais aucun doute, aucune question. J’avais calculé ma pire glisse possible. Quand j’ai mesuré avec mon laser la hauteur exacte du saut depuis le sommet du Cervin, il n’y avait plus de question dans mon esprit: c’était faisable.

J’ai gravi la montagne avec tout mon équipement, un sac à dos de 12 kilogrammes, avec Julien et deux autres amis qui étaient prêts à redescendre le matériel superflu pour nous permettre un vol agréable. Tout était tellement bien orchestré que cela s’est transformé en un moment parfait.

Pour moi, le Cervin, c’est comme un bout de chez moi. Partout où je vais, voir un sommet comme le Cervin me rappelle mon foyer. J’ai toujours voulu gravir cette montagne. Mais je ne m’attaque jamais à un sommet si je ne peux pas y tracer une belle ligne de descente ou un beau vol. Alors, j’ai attendu le moment propice pour m’envoler depuis le Cervin avant de l’escalader, et réaliser ce rêve a été une immense joie.

Contrairement à la plupart des gens, vous côtoyez le risque au quotidien. Pourriez-vous partager votre perspective sur le risque, et comment elle pourrait différer de la compréhension conventionnelle?

Pour moi, le risque survient lorsqu’on ne maîtrise pas la situation.

Je me fais confiance et connais mes limites avec précision. Ainsi, je sais jusqu’où je peux m’exposer et où je préfère ne pas m’aventurer.

Par exemple, je suis plus effrayée à l’idée de conduire ma voiture sur la route. Je ne monterais jamais sur un vélo ou une moto sur la route, car j’ai peur de ce qui peut arriver si je ne contrôle pas tout. Je ne peux pas contrôler les autres usagers de la route. Cela me fait bien plus peur.

Il existe un dicton espagnol qui dit: « Mieux vaut le diable que tu connais que celui que tu ne connais pas », mettant en lumière la peur courante du changement. En tant que personne aguerrie dans la gestion du changement, quel conseil donneriez-vous à ceux qui hésitent à sortir de leur zone de confort?

« Est-ce que tu penses que tu vas le regretter un jour si tu ne tentes même pas ta chance? » C’est la question que je me suis posée quand je travaillais à l’aéroport de Genève.

J’avais tout juste décroché une promotion pour le poste de mes rêves. Simultanément, j’ai reçu une invitation à participer au Verbier Xtreme, la compétition la plus extrême du monde. Depuis mes 15 ans, j’aspirais à me mesurer aux freeriders les plus incroyables de la planète.

Quitter un emploi que j’adorais, avec un salaire attractif, d’excellentes conditions et la possibilité de voyager presque gratuitement dans le monde entier, était un choix difficile. Mais je sentais que je devais saisir cette opportunité ; alors je me suis interrogée : « Vas-tu regretter un jour de ne pas avoir participé au Verbier Xtreme, ou regretteras-tu d’avoir quitté ton travail? »

J’ai trouvé un nouvel emploi, moins passionnant, mais qui me permettait de vivre à Verbier. En réalité, j’ai cumulé deux emplois pour subvenir à mes besoins dans la station de ski. Cela m’a laissé le temps de m’entraîner chaque matin et de me préparer pour le Verbier Xtreme.

Cette année-là, j’ai remporté toutes les compétitions auxquelles j’ai participé. À seulement 21 ans, j’ai triomphé au Verbier Xtreme dès ma première tentative, et ma passion est devenue mon quotidien. J’ai ensuite concouru sur le Freeride World Tour, remportant 11 titres sur différentes étapes du circuit, y compris les grandes finales. Je n’ai jamais regretté cette décision.

Finalement, en termes de décisions financières, les gens devraient-ils envisager d’explorer de nouvelles possibilités ou options, comme les nouveaux acteurs dans les secteurs bancaire et d’investissement?

Tout change constamment, et nous devons nous adapter et rester attentifs aux nouvelles opportunités qui peuvent se présenter.

C’est quelque chose que j’ai beaucoup appris en montagne: on peut avoir un plan, mais même si tout est parfaitement prévu, la météo peut changer, les conditions sur place peuvent être différentes, et les personnes qui nous accompagnent peuvent ne pas être en bonne forme ou rencontrer des difficultés émotionnelles.

C’est la vie; nous devons toujours nous adapter à la situation. C’est aussi la plus belle leçon que j’ai apprise au cours de ma carrière.

Merci, Géraldine!