Plongez dans le dialogue captivant entre Victor Cianni, Directeur des investissements chez Alpian, et Fred Dumonal, le respecté Directeur de la formation continue à la CREA.
Cette conversation engageante explore le rôle significatif du marketing et du storytelling dans le paysage des investissements, offrant un aperçu de la manière dont des récits habilement élaborés peuvent façonner les perceptions, élargir l’engagement du public, et favoriser l’ascension des actifs numériques.
Mon nom est Victor Cianni, je suis responsable des investissements chez Alpian et j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Fred Dumonal. Pour ceux qui ne le connaissent pas déjà Fred est directeur de la formation continue chez CREA. Expert dans le marketing digital, véritable touche à tout, il est aujourd’hui une référence dans le domaine.
Bonjour Fred, merci de prendre le temps de répondre à nos questions. A travers cette interview, j’aimerais explorer avec toi les liens qui existent entre le monde des investissements et celui du marketing.
Merci à toi pour l’invitation. Dans le domaine de la formation et plus particulièrement dans le monde de la tech, on a souvent la tête dans le guidon. Les expertises et les performances évoluent au fil de l’innovation. C’est un plaisir de prendre le temps d’échanger avec toi afin de prendre du recul sur les choses.
En tant que jeune compagnie, nous apprécions à quel point le marketing est important pour se mettre en avant, construire son image de marque, positionner ses produits, etc. Mais avant d’en arriver où nous sommes aujourd’hui, nous sommes passés par la case départ et nous avons dû convaincre des investisseurs de nous faire confiance. Comment les start-ups peuvent-elles miser sur le marketing pour lever des fonds?
Au moment de lever des fonds, le marketing est un plus. Il vient «finaliser» quelque chose d’existant comme l’idée, le concept, le business model ou la vision. Cependant, ces éléments doivent déjà être sacrément solides pour convaincre.
Le marketing est ensuite essentiel pour définir la question du positionnement, du public cible, des canaux de distribution, etc. Cela va permettre d’assurer ensuite le lien avec la communication et inscrire le tout dans une démarche stratégique.
Pour inspirer la confiance, il faut pour moi déjà représenter une certaine cohérence. Si ensuite le projet est défini, planifié et bien «packagé», forcément cela peut aider.
Le passage au monde digital a ouvert de nouvelles opportunités. Le nombre de possibilités et de vecteurs qu’une entreprise a à sa disposition pour se faire connaître et communiquer a aussi augmenté de manière exponentielle. Existe-t-il des règles pour bien choisir ses batailles?
Encore une fois la cohérence. Le bon message, pour la bonne cible, au bon endroit. Cela peut paraitre évident, mais cela reste le graal.
Dans certains dispositifs vient aussi la question du modèle, de ce que l’on vend mais surtout de ce que l’on offre. Les modèles freemium, les dispositifs en SaaS, où l’accès à des contenus gratuits à forte valeur ajoutée permet de séduire sa cible ou développer une audience. Et capitaliser sur une audience lorsque l’on vend un produit ou un service, cela permet d’avoir déjà des prospects.
Les budgets marketing fluctuent d’un trimestre à l’autre dans les entreprises. Y’a-t-il une relation de proportionnalité entre les fonds engagés et le nombre de personnes que l’on arrive à toucher à travers les actions marketing?
Cela va dépendre de la Stratégie. Aujourd’hui, en marketing, on doit viser le meilleur ROI possible.
Toucher «tout le monde» n’est pas forcément rentable car votre public cible est sans doute spécifique sur bien des points. Comme dit le vieil adage, «viser tout le monde c’est ne toucher personne».
Encore une fois la cohérence. Le bon message, pour la bonne cible, au bon endroit. Cela peut paraitre évident, mais cela reste le graal.
Fred Dumonal
Le mieux est d’avoir des dépenses contrôlées mais surtout ciblées. Les réseaux sociaux permettent cela notamment avec des outils de ciblages assez performants. L’email marketing est aussi un bon levier, même s’il est souvent qualifié de désuet.
En résumé, je dirais que ce n’est pas parce que l’on investit gros que le ROI est bon.
En parallèle de tes activités au sein de l’école CREA, tu es un acteur important dans le paysage crypto, NFT et Web3 Suisse… Ces classes d’actifs ont connu un essor formidable au cours des dernières années. La technologie y est pour beaucoup mais penses-tu que le marketing a joué un rôle déterminant également? Y’a-t-il des enseignements que l’on puisse en tirer?
Je suis impliqué dans le web3 pour plusieurs raisons.
Premièrement, il s’agit pour moi d’une évolution importante de l’Internet que l’on connaît. La décentralisation permet de s’affranchir de certains avantages qui étaient devenues des contraintes dans le web 2.0. La confiance qu’amène le Web 3.0 permet d’envisager des innovations très intéressantes.
Ensuite, mon intérêt pour le web3 est aussi une question de rencontres. L’émulation autour du web3 est semblable à celle qu’il y avait autour de l’Internet à sa naissance. Même esprit pionnier et communautaire, mêmes conférences, mêmes rencontres, même si j’étais trop jeune pour le voir au stade du web 1.0 (rires).
Pour les projets qui restent, les solides, le marketing fait un peu le lien entre l’aspect technologique et l’utilisateur. Cela permet un élément essentiel pour la réussite que l’on appelle l’adoption.
Fred Dumonal
Enfin, la question de la similarité est évidente pour l’évolution. Nous venons d’assister à l’éclatement d’une bulle, violent mais nécessaire, afin de faire le tri entre les projets sérieux, les cryptomonnaies fiables, les NFT utiles, etc.
Donc oui, le marketing a joué un rôle, mais pas toujours le meilleur.
En période d’euphorie, certaines personnes pouvaient croire n’importe quoi et le réveil est parfois difficile. Pour les projets qui restent, les solides, le marketing fait un peu le lien entre l’aspect technologique et l’utilisateur. Cela permet un élément essentiel pour la réussite que l’on appelle l’adoption.
À ce titre, pour la deuxième année consécutive, nous réunirons des acteurs majeurs du web3 lors du web3connect à Genève le 12 septembre prochain.
Notre métier, c’est la banque et les investissements qui sont au cœur des solutions que nous proposons. Avec le temps j’ai appris que ce sont les histoires qui poussent les gens à investir. Elles nous poussent à l’action et nous permettent de franchir certains pas. Le revers de la médaille c’est que certaines histoires cristallisent parfois l’attention des investisseurs et exacerbent les décisions émotionnelles. En tant que professionnel as-tu des conseils à donner pour nous aider à faire la part des choses?
Nous sommes toutes et tous des êtres humains, avec tout ce que cela implique de sensibilité, d’émotions mais aussi de biais. Nous aimons les histoires car elles provoquent plus d’émotions qu’une information.
Le storytelling est devenu une vraie discipline, dans toutes les branches de la communication (commerciale, politique, institutionnelle…). Mais la force de ce storytelling peut se retourner contre nous si elle est mal utilisée.
La particularité de l’être humain, c’est qu’il est unique. Son esprit va l’être tout autant. Il est très difficile alors de raconter une histoire qui va avoir le même effet sur les personnes.
Pour un storytelling efficient, il me semble important de ne pas négliger son public cible, son authenticité et son timing.
Avant que l’on se quitte, peux-tu nous parler de CREA en quelques mots?
CREA est la plus grande école de création en Suisse Romande avec un site à Genève et un autre à Lausanne. On y enseigne la Direction artistique, le marketing digital, le développement web à des Bachelors, des Masters et en Formation Continue (Cycles Certifiants et Brevets Fédéraux). L’école fait partie du groupe OMNES Education, composé également de nombreuses autres écoles à l’étranger.
J’ai commencé à intervenir pour CREA en 2011, en parallèle d’une activité professionnelle dans le monde de la communication, avec un focus important sur le digital. Peu après, j’ai décidé de faire de la formation mon métier, en suivant des cursus en pédagogie, mais tout en étant investi dans des projets en entreprise.
En 2017, avec le soutien de René Engelmann, fondateur de CREA, nous avons créé le pôle Formation Continue. Depuis avec Silvia, Delphine et Henri nous développons une offre de formation complète et adaptée aux professionnelles ainsi qu’un véritable travail de prospective et de détection de tendances.
Merci Fred, c’était un plaisir d’échanger avec toi.
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