La scène d’ouverture du film Wall Street (1987) nous offre un aperçu de la vie boursière des années 80 de manière très détaillée. Avant l’arrivée d’Internet, toutes les transactions se faisaient par téléphone. Par exemple, si vous vouliez acheter quelques actions Apple (Apple venait d’être coté à la bourse américaine !), vous appeliez votre courtier par téléphone, il notait la transaction sur un ticket. Puis, ce dernier était envoyé à la salle des marchés locale, parfois même à travers un système de tubes. Dans la salle des marchés, les courtiers appelaient leur représentant à la bourse afin de passer leurs ordres, pour lesquels une confirmation était envoyée quelques minutes plus tard.
70-75% des investisseurs particuliers d’aujourd’hui qui achètent et vendent des actions pour leur compte personnel perdent de l’argent.
Même si certains d’entre nous sont très certainement nostalgiques de ce temps révolu, négocier des actions est devenu beaucoup plus facile et accessible de nos jours. En effet, pour acheter des actions de notre entreprise préférée, il nous suffit d’ouvrir une application, d’énoncer nos conditions et d’appuyer sur « Acheter ». D’un côté cette technologie offre de grands avantages, de l’autre côté, de nouveaux risques sont arrivés en même temps.
Les marchés financiers des années 80 n’étaient pas développés et interconnectés comme ils le sont aujourd’hui. Un investisseur pouvait acheter moins de titres (il y en avait autrefois une poignée. Aujourd’hui, selon le courtier que vous choisissez, les investisseurs suisses peuvent avoir accès entre 40 000 à plus de 3 000 000 de titres. Les nouvelles financières étaient également moins abondantes. Les principales sources d’information étaient les journaux et les rapports d’entreprise. Quant au matériel de formation, il y avait beaucoup moins de livres, de tutoriels et de communautés. Non seulement, les limitations de l’époque créaient de véritables barrières à l’entrée mais elles nécessitaient, en plus, des ressources importantes.
Petit retour dans les années 80
De nos jours, qui passerait des heures à éplucher le rapport annuel d’une entreprise quand vous pouvez simplement cliquer sur un bouton et apprendre ce que les analystes en investissement et autres personnes pensent de l’action ?
Pourquoi s’embêter à voyager dans le monde entier pour trouver les prochaines tendances d’investissement, alors que les communautés mettent en évidence ce qui est chaud sur le marché, ce qu’il faut acheter et comment l’acheter ?
Cela vaut-il encore la peine de s’embarrasser d’être diplômé en finance pour commencer à investir quand vous pouvez écouter d’excellents podcasts et que le processus d’investissement est une plateforme de trading entièrement gamifiée ?
Cela dit… les investisseurs des années 80 avaient un avantage sur nous : du temps pour exercer leur esprit critique.
Les particuliers inexpérimentés sont plus susceptibles de fonder leurs décisions sur ce qui attire leur attention plutôt que sur des critères d’investissement clairs.
Expérience sans faille, investisseurs fauchés
Si la démocratisation de la finance est une chose dont nous devrions tous nous réjouir, l’accès plus facile à l’investissement ne s’est pas forcément traduit par de meilleures performances. Des recherches récentes suggèrent que les investisseurs inexpérimentés qui recherchent une expérience sans faille apprennent à leurs dépens que les conseils d’investissement trop simplifiés comportent, malheureusement, des risques. Voici quelques faits étonnants :
- 70-75 % des investisseurs particuliers d’aujourd’hui qui achètent et vendent des actions pour leur compte personnel perdent de l’argent.
- Les particuliers inexpérimentés sont plus susceptibles de fonder leurs décisions sur ce qui attire leur attention plutôt que sur des critères d’investissement clairs.
- Cela entraîne des effets de troupeau plus importants et des transactions plus fréquentes, qui profitent surtout aux sociétés de courtage.
- Leurs portefeuilles sont en moyenne 1,5 fois plus concentrés. Si la concentration (la concentration signifie mettre de l’argent dans un nombre limité d’actions, c’est le contraire de la diversification) peut être un moyen rapide de créer de la richesse, les chances ne sont généralement pas en faveur des investisseurs. Par exemple, une étude menée sur les marchés boursiers américains depuis 1926, montre que 4 actions ordinaires sur 7 ont sous-performé les obligations d’État au cours d’une vie.
- Enfin, les traders « retail » inexpérimentés ont tendance à ignorer certaines bonnes pratiques éprouvées en termes d’allocation d’actifs et de market timing mises en place par les professionnels de l’investissement . Par conséquent, leur portefeuille est souvent une pile de paris plutôt que le résultat d’une stratégie claire.
Game over… du moins pour aujourd’hui
Les compagnies de courtage sont peut-être à blâmer pour avoir profité de nos faiblesses en nous poussant vers des investissements particuliers, mais il est de notre responsabilité de veiller à exercer notre esprit critique. Vous ne savez pas par où commencer ?… Prenez votre temps! Le temps d’établir un argumentaire solide pour chaque investissement que vous envisagez, le temps de comprendre comment ils s’intègrent à votre stratégie actuelle et à ton plan à long terme, le temps de rechercher des points de vue contradictoires et de remettre en question tes hypothèses… Peut-être que cette opportunité d’investissement qui apparaît sur votre téléphone en ce moment peut attendre demain. Passer la soirée à étudier ses mérites peut être une bonne option… tout comme revoir des films des années 80 !
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